Philippe Contal, Directeur Digital Associé d'IPgarde et créateur de #TerritoireDigital

Bonjour Philippe, qui êtes-vous ?

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Originaire de Franche-Comté, j'ai commencé mon parcours professionnel dans l'industrie de la sous-traitance. Ingénieur en fabrication mécanique « augmenté » (troisième cycle à ce qui se nomme aujourd'hui Neoma Business School), j'ai toujours été très attiré par le traitement de l'information et les technologies qui devraient nous simplifier la vie.

Après 10 ans dans l'industrie, j'ai souhaité changer pour me rapprocher de mes aspirations très orientées vers l'Internet. J'ai ainsi créé une entreprise de e-commerce qui était toutefois encore marquée par mon parcours initial. Nous vendions des reproductions d'objets historiques et légendaires et nous disposions d'une logistique et d'un atelier intégré. Nous proposions la personnalisation, par exemple, d'épées médiévales par gravure ou des gammes de T-shirts réalisés à la demande.

Cette expérience m'a permis de créer la méthode #TerritoireDigital. C'est elle qui me sert aujourd'hui pour dynamiser la présence digitale d'IPgarde pour nos différents projets ainsi que pour nos clients.

Et à propos de #TerritoireDigital ?

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#TerritoireDigital est né en 2015. La structure juridique a rejoint l'équipe d'IPgarde en 2018, comme département digital. IPgarde est née en 2004. Nous sommes aujourd'hui 4 associés pour une équipe d'une trentaine de personnes. Notre premier métier tourne autour de l'infrastructure informatique et Internet. Nous proposons des services d'hébergement Internet, d'externalisation des Systèmes d'Information avec infogérance, du cloud et de la téléphonie sur IP.

Pour ce qui est du département digital, nous travaillons sur la base d'un audit, point de départ des stratégies digitale auxquelles nous participons. Celui-ci permet une étude à 360° des composants de la présence digitale : web fonctionnel (simple vitrine ou marchand) et éditorial (blog, actualités, magazine), marketing entrant (stratégie de contenu, implication d'influenceurs) et sortant (e-mailing, campagnes sms), référencement naturel (SEO : Search Engine Optimization) et publicité digitale (SEA : Search Engine Advertizing), avis, forums et réseaux sociaux. Cette méthode nous permet de réaliser un diagnostic, de comparer les indicateurs (une centaine à ce jour) dans le temps, de faire des études concurrentielles et donc de mesurer le positionnement d'une entreprise dans sa dimension digitale.

Notre conviction est qu'il nous faut « mesurer pour mieux décider ». Dans un environnement complexe et incertain, nous devons limiter les interprétations en cherchant des points de repère afin d'objectiver - autant que faire se peut - les résultats des actions et donc améliorer notre capacité de décision. La grande difficulté de l'univers digital est qu'il nous abreuve de données, de chiffres, de courbes et d'indicateurs aux allures contradictoires. Il n'est donc pas pertinent d'y ajouter une fausse complexité, mais il faut au contraire simplifier. Plus l'environnement est complexe, plus il faut l'aborder avec simplicité. Ce qu'il faut éviter, c'est la complication et ça... c'est parfois difficile. C'est ce que nous proposons avec une lecture simple et héritée d'une expérience digitale de 25 ans.

Comment vivez-vous cette période ?

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A dire vrai, cette période est vraiment propice au questionnement individuel et collectif. Bien entendu, les contextes personnels et professionnels sont très différents pour chacun d'entre nous. Pour ma part, je dois reconnaître que je me retrouve dans une situation d'isolement comme je l'avais connue voici une vingtaine d'années, pendant le passage de l'industrie à l'Internet. Ce confinement me donne du temps pour travailler efficacement et pour réfléchir. Il me permet de reconsidérer les priorités personnelles et professionnelles. Des projets sont à l'étude et verront le jour dans quelques semaines.

De toute manière, prendre un peu de recul et du temps pour réfléchir au lieu d'agir dans une urgence artificielle ne peut que faire du bien à notre équilibre personnel... et à notre efficacité.

Comment voyez-vous la reprise ?

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Il est difficile de faire des prévisions dans un contexte singulier comme celui que nous visons actuellement. D'ailleurs... nos prévisions ne sont-elles pas toujours des conjectures héritées de notre passé et de nos croyances ?

Il est certain que des choses vont changer, en particulier le regard que l'on porte au télétravail et aux déplacements. Devenu incontournable pour les postes capables de s'y adapter, le télétravail nous a été imposé par des circonstances que personne n'avait réellement imaginées. Certains le vivent bien alors que d'autres ne s'y retrouvent pas. Le confort matériel (à commencer par la possibilité de disposer ou non d'un lieu identifié pour travailler) est un facteur déterminant de son acceptation.

Une des vraies questions que nous aurons à nous poser en tant que dirigeants, c'est la valeur ajoutée de l'espace matériel de l'entreprise. Depuis des décennies, nous identifions l'entreprise à ses bâtiments. Cette vision est-elle encore adaptée quand ceux-ci sont vides ? Si nous voulons conserver la matérialité de nos entreprises, il va falloir répondre à la question du Sens et des relations interpersonnelles. Il est temps de trouver des solutions de travail en équipe quand celles-ci ne sont plus dans un même lieu. Il ne s'agit pas seulement d'outils, mais de comportements et de clarification d'une vision d'entreprise que l'on doit partager.

Il est clair que des entreprises - et des emplois - vont disparaître. On ne peut imaginer raisonnablement que deux mois d'arrêt - presque total - de l'économie n'aie pas d'impact. Ce qui est certain, c'est que nous aurons contracté des dettes collectives pour lesquelles nous n'avons aucune idée sérieuse de la manière dont nous pourrons les rembourser. Cela mettra en danger les entreprises fragiles et cela créera des opportunités pour celles qui ont choisi d'être agiles et adaptables.

Avec un angle de vue plus large, on peut également imaginer que l'Europe pourra se solidifier malgré la fermeture temporaire des frontières. Il est question d'un endettement de l'Europe. Une telle opération ne peut que provoquer un rapprochement des intérêts.

Je ne vois pas de reprise au sens d'un retour à la « normale ». Je ne crois pas non plus à un record de consommation à l'issue du confinement. En revanche, je suis confiant dans notre capacité à nous adapter aux conséquences personnelles, sociales, sociétales ainsi qu'aux nouveaux enjeux.